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La lettrie

La lettrie

Lectures et dialogue des cultures


Warax, de Pavel Hak

Publié par philippe sur 24 Juin 2015, 10:04am

Catégories : #Adopte un Livre : notes de lecture, #Europe Centrale, #Aventures Action, #Thèmes d'Aujourd'hui

Warax, de Pavel Hak
Humain trop inhumain

Warax, Pavel Hak, Seuil, Fiction et Cie, 2009

Un monde qui n’est pas le nôtre (l’Empire, le mur frontière avec l’extérieur, la guerre contre les pays pauvres) et qui est pourtant déjà le nôtre, un monde d’après (dans tous les sens du terme) G.W. Bush.

Dans une interview de Kenza Sefrioui, pour Babelmed, Hak affirme qu’ « il faut montrer (…) la violence qui caractérise notre époque ». « La littérature est une forme très particulière de réflexion sur le monde. » Hak est-il alors un écrivain engagé ? Il répond : « mon engagement est fondamentalement du côté de la littérature. »

La littérature à l’estomac

Ce roman, comme fréquemment chez cet auteur, malmène le lecteur.

Quatre histoires s’enchevêtrent, nous dit la présentation de couverture, mais je dirais cinq, en réalité. Le point d’orgue est le récit des agissements d’Ed Ted Warax. Il est le Directeur absolu de la grande entreprise d’armement de l’Empire. Sa conception du monde : « la guerre est le meilleur moyen d’orienter le monde dans le sens où il doit aller. » (p. 70) Ainsi lui et sa société parviennent à manœuvrer les politiques gouvernementales pour une alimentation permanente de la guerre.

On comprend que les quatre autres récits, même s’ils se passent sans doute à des époques et en des lieux différents, constituent des ramifications, des conséquences de la geste waraquienne :

- les errements du monde des médias, en liaison avec le pouvoir politique et l’actualité terroriste ;

- l’enfer que vit un groupe de clandestins, appelé « la meute », qui a réussi à passer le mur frontière : ces hommes essaient tellement de trouver leur place qu’ils finissent à leur tour par organiser le transport de clandestins en créant une entreprise qu’ils baptisent « Corps Humains Import » ;

- un survivant d’une explosion nucléaire (son nom… FD21) qui se retrouve dans un camp de concentration ;

- un bataillon inexpérimenté à qui l’on fait croire que l’on attaque les rebelles des pays pauvres pour « éradiquer le mal de la surface du globe ».

On retrouve, comme vous le voyez, de nombreux thèmes chers à Pavel Hak : force et volonté de vivre qui rendent presque invincibles (presque, contrairement à Vomito Negro) ; guerre des mondes, rejet des pauvres, des zonards, des métèques ; barbarie absolue du monde dominant ; concurrence complète et permanente entre les êtres ; totalitarisme démocratique (« on n’était pas en dictature » dit Ed Ted Warax…) ; l’exploitation de l’homme par l’homme, une sorte de féodalité de la barbarie.

De courts chapitres s’enchaînent, les différents récits alternent.

Ce n’est pas cette alternance qui malmène le lecteur, mais plutôt le fait que Hak pratique une construction romanesque moderne où tout n’est pas dit, où le lecteur doit constamment comprendre et construire le contexte et la trame de l’ensemble de l’œuvre (lector in fabula… le rôle du lecteur dans le livre qu'il lit, selon U. Eco). La structure est un peu contrapunctique, les liens entre les différentes narrations ne sont pas expliqués, mais tout laisse penser que le détonateur en est… Warax.

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